Rencontre // Julien Fernandez, photographe d’intérieur

Aujourd’hui je vous propose d’aller à la rencontre de Julien Fernandez, photographe d’intérieur.
Peut-être avez-vous déjà croisé une de ses photos ici chez la décoratrice Marie Dumora ou ailleurs sur la toile. Ses photos prises chez la designer Caroline Gomez ont fait le tour de la blogosphère.

Amandine et Jules

Julien a très gentiment accepté de me parler de son parcours, son travail et ses projets parmi lesquels son nouveau site We are inside.


Julien FernandezTout d’abord, peux-tu te présenter brièvement ? Où vis-tu ? Quel est ton parcours ?

J’ai une formation de journaliste. Durant 12 ans, j’ai été rédacteur en agence de presse. Je produisais, avec des photographes, des reportages clés en main pour la presse magazine française et étrangère. J’ai 34 ans. En 2011, j’ai quitté Paris pour Bordeaux avec ma compagne Amandine Berthon, journaliste déco et styliste, et notre fils.

Depuis combien de temps fais-tu de la photo ? Et comment est née cette passion ?

J’ai appris les techniques de prises de vues et de labo vers 14 ans en autodidacte, dans les livres. J’ai commencé à faire de la photo de rue en noir et blanc dans Paris en dilettante. J’étais séduit par la simplicité du geste.

Comment t’est venue l’idée d’en faire ton métier ?

J’étais journaliste. J’aimais la photo. Naturellement, je me suis orienté vers le photojournalisme. En agence, j’ai pu travaillé avec de grands photographes. A leurs côtés, j’ai appris à construire une histoire, éditer, diffuser et faire publier nos reportages. J’ai vite compris qu’il était plus intéressant de prendre des photos que d’écrire des textes et de travailler à son compte plutôt que pour les autres.

Pourquoi avoir fait le choix de photographier des intérieurs ?

Amandine, était journaliste pour l’émission Intérieurs sur Paris Première. Elle m’a proposée de produire ensemble des reportages pour la presse déco. Elle au texte, moi à la photo.

Avec Amandine vous avez fait quelques très beaux reportages que l’on peut découvrir sur le site Amandine et Jules. Certains ont d’ailleurs fait l’objet de parutions dans la presse déco. C’est une superbe aventure, comment la vis-tu ?

Comme une évidence. Nous étions prêts. Notre première maison, photographiée en 2011, a été publiée immédiatement en Angleterre dans Living etc., l’un des meilleurs magazines déco au monde selon moi. Je suis très fier de travailler avec l’étranger. De la prise de vue à la parution, c’est un métier enrichissant basé sur la confiance, la gentillesse et l’honnêteté. Photographier l’art de vivre a beaucoup de sens. C’est quelque chose de fondamentalement positif et agréable.

Amandine et Jules 6

Comment Amandine et toi trouvez-vous ces lieux ? Et quels éléments dans la déco retiennent généralement votre attention et vont faire que vous allez choisir tel intérieur plutôt qu’un autre ?

Pour trouver des intérieurs, nous travaillons essentiellement par réseau, bouche à oreille et repérage. Nous sommes dans une approche très vivante de la déco. Nous recherchons d’abord des histoires à raconter. Des intérieurs qui ont de la personnalité et qui soit habités. Nous connaissons les styles de décoration que recherchent les magazines avec lesquels nous collaborons. Il y en a beaucoup. Certains cherchent du haut standing, d’autres du DIY simple et accessible. Le choix final d’un shooting ne se fait pas en fonction de nos goûts mais des lignes éditoriales de ces journaux.

Amandine et Jules 7Photos 1,2 et 3
Crédit photo : Julien Fernandez,
Stylisme : Amandine Berthon

Récemment tu as créé le site We are inside. Le projet est un peu différent de celui d’Amandine et Jules, peux-tu nous expliquer d’où te vient cette idée et quelle en est la ligne éditoriale ?

Je constate que beaucoup de lecteurs de ma génération ne s’identifient plus aux grands magazines déco français. Ils jugent souvent les photos trop lisses, sans âme, ennuyeuses. Dans We are inside, je photographie des gens sympa chez eux. Il s’agit de portraits intimes, proche de nous, auxquels nous pouvons nous identifier et nous inspirer. Les personnes photographiées dans We are Inside pourraient être vos amis, vos proches. Nous sommes dans le réel, l’émotion, l’instant de la rencontre et du partage autour de l’habitat. C’est de la déco quotidienne, chez ceux qui nous ressemblent et ça fait du bien.

Chez Anne Sophie Anese

Contrairement aux photos habituelles de déco, sur We are inside les intérieurs sont loin d’être aseptisés. Plus qu’une déco, c’est véritablement une personnalité qui se dégage. Comment trouves-tu tes sujets ?

Ce sont souvent des créatifs. Je découvre d’abord leur travail qui me donne envie de les connaître. J’ai envie d’en savoir plus sur eux, de les rencontrer. Alors je les appelle ou je leur envoie un mail en disant : « Salut ! Je peux venir chez toi papoter 5 minutes et faire des photos ? »

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Acceptent-ils facilement de livrer ainsi une part de leur intimité ?

Ma proposition est honnête et spontanée. Les gens qui m’ouvrent leurs portes me font confiance car je suis dans une démarche purement créative. Il n’y a pas de voyeurisme ou de moquerie dans mes images mais de la pudeur et de la douceur. J’ai conscience de l’effort que cela représente pour eux de m’accueillir. J’en suis reconnaissant.

On a vraiment l’impression de pénétrer chez eux à l’improviste, ce n’est pas forcément bien rangé et c’est précisément ce qui donne du charme à tes photos. Y a t-il quand même un travail de stylisme ?

La plupart du temps, le ménage a été fait avant mon arrivée ! La réussite des reportages tient au fait qu’il n’y ait aucune mise en scène, ni stylisme. Je photographie sur le vif, très rapidement, en moins d’une heure et sans réfléchir. Apercevoir un peu de bazar, des multi prises et des fissures aux murs est rassurant. Oui, nous vivons tous un peu de la même façon !

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Chez Anne Sophie AnesePhotos 4,5,6 et 7
Crédit photo : Julien Fernandez

Comment vois-tu évoluer We are Inside d’ici quelques années ?

Je ne me mets aucune pression. We are inside est un espace de liberté. Un refuge pour explorer de nouvelles propositions visuelles. Bien qu’elles soient pensées pour le web, ces photos pourrait faire un bon livre de déco à la manière de Selby ou Freunde von Freuden. Et puis, j’aimerai commencer à réaliser des reportages à l’étranger.

Merci beaucoup Julien !

Et si vous avez envie d’en voir plus sur le travail de Julien Fernandez, je vous invite à faire un tour sur Amandine et Jules et We are inside.