Après le slow life et l’art de vivre danois Hygge, c’est le Bouddhisme zen qui nous invite à prendre le temps mais surtout à en apprécier les conséquences esthétiques. Le Wabi Sabi nous propose en effet de se tourner vers la simplicité et apprécier les effets du temps sur la nature et les objets.
Le minimaliste et l’admiration de la nature n’appartient pas qu’au scandinave. En effet, le Wabi Sabi nous invite dans un mode de vie contemplatif, poétique et simplifié. Et où le temps tient une place toute particulière.
Credit Photo : Our Food Stories.Wabi Sabi définition
Le Wabi Sabi est un terme japonais qui rassemble deux mots : wabi et sabi.
Le wabi : solitude, humilité et pauvreté
Wabi est étymologiquement un état de solitude et de tristesse. Mais il évoque également l’humilité, la modestie, la pauvreté. Néanmoins, la simplicité et la privation ne doivent pas être comprises dans leur sens péjoratif. Le Wabi consiste en effet à vivre libéré des préoccupations matérielles. C’est un état de détachement, une prise de recul, notamment vis-à-vis du mode de vie occidental. On élimine le superficiel, les apparences parfois trompeuses. On rompt avec les artifices et on se rapproche de ce qui est.
Mais il ne s’agit pas de se désoler de ce état de dénuement souhaité. Bien au contraire ! Il s’agit plutôt d’admirer les imperfections, de célébrer l’aspect naturel des choses, d’accepter ce qu’on ne peut changer. Wabi nous invite ainsi dans un univers lent, épuré et où le futil est proscrit. Il promeut donc l’authenticité, l’absence de confort matériel afin de se recentrer sur l’essentiel. Dans un tel état d’esprit, celui qui parvient à faire avec moins est admiré.
« Wabi doit être satisfait d’une petite cabane, d’une chambre, de deux ou trois tapis de tatami, comme la cabane en bois de Thoreau. » explique Daisetz T. Suzuki, chercheur, spécialiste de la culture japonaise.
Le Sabi : célébrer le passage du temps
Sabi quant à lui signifie « la floraison du temps ». Il s’agit alors là d’admirer le travail du temps. Plutôt que de subir le poids des années, on chéri les traits d’usure, les fissures, les déformations. Autant à l’échelle humaine que de manière plus large. En effet, on peut remarquer l’usure sur de courtes période : le drap qui devient gris, la photo qui jauni, ou les fleurs qui sèchent.
Mais on peut également l’apprécier lorsque celle-ci est moins palpable. A travers le parquet qui grince, la statue de bronze qui s’oxyde ou le lierre qui envahit l’extérieur de la maison. On observe alors, avec émerveillement, les évolutions des choses, leur déclinement. Sabi porte fièrement son âge et les marques qui témoigne de son histoire. Le cours du temps a fait son travail et Sabi en est satisfait. Le véritable Sabi ne peut donc pas s’acheter, c’est un cadeau du temps qui passe et qu’il faut savoir recevoir. Et c’est bien là ce qui s’avère parfois compliqué, réussir à accepter ces changements façonnés par le temps.
Ainsi le Wabi Sabi est humble et vit en harmonie avec la nature et les événements qu’il traverse et qui le marque. Il est donc chargé d’histoire, modeste et serein.
Le wabi sabi est « une appréciation esthétique de la pauvreté » Daisetz T. Suzuki.
La déco Wabi Sabi
Les principes d’une déco Wabi Sabi
La déco Wabi Sabi se contente du strict nécessaire. D’ailleurs cela s’applique tant à l’aménagement et l’équipement de la maison qu’au style des meubles. En effet, ce style d’influence japonaise n’encombre pas l’espace avec des éléments d’ameublement et de décoration jugés superflus. Il sélectionne plutôt des produits à l’esthétisme simple, aux lignes pures et au style minimaliste. Aussi les meubles sont issus de matériaux naturels et vivants, souffrants du temps qui passe. Ils sont les témoins de ce dernier sous toutes ses formes. En effet, le parquet se raye avec le temps, mais il cache également d’autres traces d’usure. Son bois gonfle lorsqu’il fait trop humide par exemple. Dans un intérieur de style Wabi Sabi on retrouve de la patine, des éléments rouillés et des photos de famille jaunies.
L’appartement semble particulièrement calme, serein et silencieux. Il est peu éclairé de manière artificiel donc assez sombre et on y vit au rythme du soleil. Là encore, il s’agit d’accepter un rythme naturel, celui de la lumière. Celle-ci a également une incidence sur l’atmosphère intérieure, notamment grâce aux couleurs qui la reflètent différemment. Pour les teintes de l’intérieur Wabi Sabi, on privilégie les gris, les noirs, les marrons ainsi que les verts sourds. L’appartement peut sembler être figé dans le temps mais cela lui procure une sensation de sécurité, de pérennité. Ce type d’intérieur parait donc rassurant et confortable.
La déco Wabi Sabi comme un remède
Les couleurs neutres et plutôt terne, les meubles rustiques, vieillis et la faible luminosité créent une atmosphère à la fois nostalgie et zen. C’est un lieu modeste et chargé d’histoire, un véritable lieu de recueillement. Car en effet, la décoration de style Wabi Sabi propose des intérieurs sereins, tranquilles. Nous sommes alors bien loin de produits connectés, de la sur consommation, des effets de mode et du fourmillement des grandes villes où rien ne s’arrête. La vie y semble donc plus simple, là où on se concentre sur l’essentiel, la contemplation de la nature et de ses évolutions.
Choisir le Wabi Sabi c’est aussi décider de vivre plus en accord avec la planète. En consommant moins, en appréciant les produits de qualité qui traverseront joliment les générations, en apprenant à faire avec moins d’objet, on épuise moins notre Terre. Et sûrement s’épuise-ton moins nous-même. Rien que ces deux dernières phrases devrait en convaincre plus d’un. Il faut ré-apprendre à écouter le temps, à le contempler. Il faut savoir faire des pauses et apprécier ce que l’on a. Pas uniquement des choses matérielles, mais aussi ce qui est moins palpable et qu’on oublie souvent sous nos montagnes d’objets qui nous oppressent souvent sans que l’on s’en rende compte. D’ailleurs, si vous voulez vous lancer dans un grand désencombrement, je sais par où vous devriez commencer. ! Vivre avec moins de 100 objets est effectivement le grand défi de Dave Bruno.
L'article L’humble déco Wabi Sabi a été initialement publié sur Clem Around The Corner.