Vendredi matin, beaucoup trop tôt à mon goût, j’enfile un tee-shirt manches longues Odlo sous un énorme pull en laine. Bonnet, écharpe et gants, mon sac à dos bouclé, je prends la direction de la gare de l’Est. Aujourd’hui, je pars à la découverte des secrets de fabrication du Jacquard Français.
Il fait si froid à Paris ce jour, et Google Home m’a annoncé qu’en plein coeur des Vosges à Gérardmer ça sera encore plus compliqué. Mais rien ne pouvait faire vaciller mon enthousiasme à propos de cette nouvelle aventure ! Après un changement de mode de transport à la sortie de la gare de Nancy, nous voilà sur les routes vosgiennes. 1h30 plus tard, je découvrais le lac de Gérardmer mais surtout je franchissais le seuil de l’usine du Jacquard Français, fidèle au poste depuis 1888.
L’histoire du Jacquard Français
C’est donc au coeur des Vosges que le linge de maison haut de gamme du Jacquard Français prend vie. Créée en 1888, la marque au savoir-faire unique a su transmettre de génération en génération l’amour du tissage, du made in France et de la qualité. Ils confectionnent les produits en jacquard, une technique de tissage inventé au XIX siècle par Joseph-Marie Jacquard. Il en résulte un tissu dont les motifs sont dessinés sur chaque face. Ainsi, l’étoffe est réversible.
Au départ, le linge est blanc et les toiles de lin blanchissent naturellement, tranquillement au grand air. Tandis que l’usine profite des anciens moulins pour tirer l’énergie hydraulique nécessaire aux fonctionnements des métiers à tisser.
Presque un siècle plus tard, la styliste Primrose Bordier révolutionne l’industrie du linge de maison français en ramenant des États-Unis l’envie de colorer les produits. Les équipes du Jacquard Français collaborent alors avec elle dès 1978 pour la création des nouvelles collections. L’alliance se poursuit ainsi jusqu’au décès de la coloriste en 1995.
Aujourd’hui, les techniques du passé sont mélangées aux innovations technologiques. Tandis que les produits jonglent habilement entre héritage d’un savoir-faire ancestral et tendances déco. Les collections s’enchaînent mais ne se ressemblent pas. Seul la qualité reste et le linge de maison de nos grands-mères envahit toujours nos intérieurs. Ainsi, 200 ans plus tard, les employés s’adonnent toujours avec passion à la conception et la création du beau linge fabriqué en France.
Personnellement, j’aime particulièrement les torchons du Jacquard Français, car ils sont pour moi de vrais tableaux. Et dans nos cuisines contemporaines ouvertes sur le salon, mieux vaut étendre une oeuvre d’Art !
Torchon Oslo – Existe aussi en bleu.
Les secrets de fabrication du Jacquard Français
Véritable entreprise du patrimoine vivant, le Jacquard Français m’a ouvert les portes de leurs ateliers pour que je comprenne un peu mieux l’origine de mon torchon adoré.
J’ai admiré les 3 étapes majeures de la conception d’un produit Jacquard Français. Sachez tout de même que si j’ai découvert cela en une journée, de l’élaboration du produit à sa réalisation finale, il s’écoule généralement 12 mois.
La création des motifs des nouvelles collections du Jacquard Français
Tout d’abord, la styliste imagine un dessin, un motif. Ce travail de créativité se fait tout en étudiant les tendances et les saisons. Une fois le sujet imaginé, la styliste va le mettre en couleur. C’est à cette étape de recherche de coloris que les fils sont testés. En effet, des échantillons de fils colorés sont auditionnés et mis à rude épreuve : soumis intensivement à la lumière, aux UV… C’est ainsi que l’équipe créa du Jacquard Français valide la qualité du produit et la résistance du coloris, du motif au fil du temps.
Parallèlement, un duo d’employés s’attaque à la transcription graphique du dessin. Ils interprètent le motif de la styliste et le traduisent en points de tissage. Tout cela est fait à partir d’un dessin noir et blanc et sans connaître les coloris qui seront finalement adoptés.
Set enduit So bloom.
La fabrication du tissu jacquard
Le précieux fichier de tissage est prêt à être donné au métier Jacquard. Mais ce dernier a besoin de rouleaux et de bobines pour travailler. Alors à l’atelier, les équipes s’activent pour préparer tout cela. La première étape s’appelle l’ourdissage. 600 bobines sont installées sur un cantre et se dévident parallèlement pour créer des ensouples qui seront insérés dans le métier jacquard.
Arrive alors l’encollage, qui permet de créer la chaine. Les grandes bobines sont alors plongées dans l’amidon pour être assemblées. On obtient alors des bobines encore plus grandes, mélangeant, de manière ordonnée, de 3146 à 8370 fils de différentes couleurs.
Finalement, on s’approche du métier à tisser emblématique. Rouleau de chaîne et bobine de trame s’associent. Et dans un balai d’aiguilles tombées du ciel, le motif jacquard apparaît sous mes yeux émerveillés. C’est ainsi qu’est créé le « tombé de métier « .
Les finitions
L’œuvre achevée est détachée du métier. Et le rouleau passe le contrôle qualité. Le tissu est examiné manuellement point par point, sur l’envers comme l’endroit. Les rouleaux défectueux sont écartés. Le tombé de métier est pré-lavé puis traité pour éviter son rétrécissement. C’est à cette étape qu’un traitement spécial peut être opéré tel que l’enduction. Finalement, le rouleau est coupé et on crée des ourlets pour obtenir un produit fini.
Credit photo : Julien Marx.
Bon Clem #11 – Les secrets de fabrication du Jacquard Français
Car une bonne vidéo vaut mieux qu’un long discours, voici en images les étapes clés de la fabrication d’un produit Jacquard Français.
L'article Les secrets de fabrication du Jacquard Français a été initialement publié sur Clem Around The Corner.